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DECLARATION
DE L'OMM SUR L'ETAT DU CLIMAT MONDIAL EN 2000 |
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Le climat mondial en bref L'an 2000 présente de nombreuses ressemblances avec les années 90 : certaines parties du globe ont connu des épisodes extrêmes de chaleur, de froid, de précipitation et de sécheresse, alors que beaucoup d'autres ont bénéficié de conditions presque normales. Toutefois, selon les moyennes établies, la tendance au réchauffement climatique global se poursuit. A l'échelle du globe, les températures enregistrées en 2000 sont analogues à celles observées en 1999, et la tendance au réchauffement se poursuit. En 2000, la température moyenne à la surface du globe devrait être supérieure de quelque 0,32 °C à la moyenne climatologique correspondant à la période 1961-1990. C'est une valeur analogue à celle enregistrée en 1999, qui a été la cinquième année la plus chaude des 140 dernières années, selon les relevés effectués par les pays Membres de l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Les 10 années les plus chaudes sont toutes postérieures à 1983, et huit d'entre elles sont postérieures à 1990. Les années 1998, 1997, 1995 et 1990 ont été les quatre années les plus chaudes. L'an 2000 s'inscrit dans cette série d'années particulièrement chaudes, malgré le refroidissement dû à l'influence persistante de l'épisode La Niña dans la partie tropicale de l'océan Pacifique. A l'aube du XXIe siècle, la température moyenne à la surface du globe est supérieure de 0,6 °C à ce qu'elle était au début du XXe siècle. L'an 2000 sera la vingt-deuxième année consécutive où la température moyenne à la surface du globe est supérieure à la normale pour la période 1961-1990 (voir figure 1). Les températures enregistrées dans la plus grande partie de l'hémisphère Nord, hors les régions tropicales, ont été supérieures à la moyenne quelle que soit la saison. Toutefois, le secteur oriental de la partie tropicale de l'océan Pacifique a été plus froid que d'habitude pendant la plus grande partie de l'année, alors que le phénomène La Niña a été particulièrement intense en début d'année, qu'il s'est atténué en juillet et en août et qu'il a augmenté de nouveau d'intensité en fin d'année (voir figure 2). Dans les autres régions tropicales et dans le reste de l'hémisphère Nord, on a relevé un grand nombre d'anomalies et observé une tendance générale au réchauffement. De la surface du sol à 8000 m d'altitude, les mesures courantes de la température effectuées dans l'atmosphère par les instruments embarqués à bord de ballons et de satellites météorologiques ont montré qu'en l'an 2000, tout comme en 1999, la température était très proche de la moyenne correspondant à la période 1979-1990. Dans la basse stratosphère (de 8000 à 12 000 m d'altitude), la température enregistrée en 2000 était légèrement inférieure à celle relevée en 1999 (l'année la plus froide jamais observée depuis le début des relevés, il y a 36 ans) et était toujours inférieure de près de 1 °C à la moyenne pour la période 1979-1990. Configuration des précipitations (voir figure 3 : format .pdf, nécessite acrobat reader, long à charger) Dans les régions tropicales, la configuration des précipitations a été fortement influencée par la manifestation d'un épisode La Niña classique pendant la première moitié et la dernière partie de l'année. En Indonésie et dans la partie tropicale de l'océan Indien et du Pacifique Ouest, les précipitations ont été très abondantes pendant ces deux périodes, alors qu'elles ont été presque nulles dans le secteur central de la partie tropicale de l'océan Pacifique. Le phénomène La Niña a également exercé son influence en Australie, dans la partie nord-est de l'Amérique du Sud et en Afrique australe, où des précipitations supérieures à la normale ont été enregistrées pendant les périodes en question. Les précipitations liées à la mousson ont été également supérieures à la normale dans le sud de l'Asie. En revanche, le phénomène La Niña a donné lieu à des précipitations inférieures à la normale dans la partie orientale de l'Afrique équatoriale et dans les Etats américains du golfe du Mexique. Ouragans, typhons et inondations En 2000, on a enregistré un nombre d'ouragans et de tempêtes tropicales supérieur à la moyenne dans l'Atlantique (15, en comparaison de 10 en moyenne), et inférieur à la moyenne dans le Pacifique (22, par rapport à 27-28 en moyenne). Plusieurs de ces tempêtes ont engendré des précipitations très fortes, provoqué des inondations et causé d'importants dégâts. Il faut en particulier mentionner les ouragans Keith et Gordon, qui ont causé d'importants dégâts en Amérique centrale, et la tempête tropicale Leslie, qui s'est accompagnée de précipitations très intenses en Floride. Dans le Pacifique, le typhon Saomai a engendré des précipitations records dans certaines parties du Japon, le typhon Prapiroon a frappé les côtes de la péninsule coréenne et provoqué des pluies diluviennes pendant 30 heures d'affilée, et deux typhons de grande intensité ont atteint les côtes du Viet Nam et occasionné des pluies violentes dans toute l'Asie du Sud-Est. Un cyclone de forte intensité s'est par ailleurs formé dans le golfe du Bengale et s'est ensuite abattu sur la partie sud de la péninsule indienne à la fin du mois de novembre, où les précipitations et les vents ont alors causé d'importants dommages matériels. Mais les cyclones qui se sont peut-être révélés les plus dévastateurs de l'année ont été les cyclones Eline, Gloria et Hudah qui ont balayé Madagascar, le Mozambique et d'autres parties de l'Afrique australe, entraînant de fortes inondations et faisant plusieurs victimes. Enfin, à la fin du mois de février, le cyclone Steve a causé d'importants dégâts et provoqué des inondations records en Australie. Les pluies abondantes ont aussi provoqué des
inondations dans plusieurs autres parties du globe. On peut à
cet égard mentionner les inondations de grande ampleur qui
ont eu lieu dans le sud de la Suisse et le nord-est de l'Italie en
octobre, celles qui se sont produites en Colombie de juin à
août et les crues liées aux pluies de mousson auxquelles
ont dû faire face l'Inde, le Bangladesh, le Cambodge, la Thaïlande,
le Laos et le Viet Nam et qui toutes ont causé des pertes en
vies humaines et des dommages matériels considérables.
En Inde seulement, ces inondations ont fait au moins 650 victimes
et plus de 10 millions de sinistrés. Les inondations et les
coulées de boue ont également provoqué des pertes
en vies humaines et des dommages matériels en Amérique
centrale et en Amérique du Sud en mai et en juin. Au Guatemala,
des pluies torrentielles ont été à l'origine
de coulées de boue qui ont causé la mort de 13 personnes.
Au Nicaragua, le río Rama, dont le niveau s'est élevé
de 4,5 mètres, est sorti de son lit le 21 juin, inondant presque
entièrement la ville de Rama et ses 10 000 habitants. En Australie,
la période de janvier à avril a été la
plus humide jamais enregistrée dans de nombreuses régions,
les précipitations et les crues atteignant des niveaux records
en de nombreux endroits. C'est ainsi que, dans l'ouest du Queensland,
il est tombé en certains endroits plus de 400 mm de pluie en
février, alors que la précipitation annuelle ne dépasse
pas normalement 200 à 300 mm. En novembre, de fortes pluies
ont en outre provoqué d'importantes inondations dans le centre
et le nord-ouest de la Vagues de chaleur, sécheresses et incendies De graves sécheresses ont frappé le sud-est de l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie centrale, y compris le nord de la Chine. La Bulgarie, la République islamique d'Iran, l'Iraq, l'Afghanistan et certaines régions de la Chine ont été particulièrement touchés. Les récoltes ont été détruites et le bétail décimé en République islamique d'Iran, qui n'avait pas connu pareille sécheresse depuis plus de 30 ans. En Amérique du Nord, durant plusieurs mois, des températures supérieures à la moyenne ont coïncidé avec des précipitations déficitaires : ainsi le nord du Mexique et une grande partie du sud et de l'ouest des Etats-Unis ont connu des incendies de forêts qui figurent parmi les pires de ces cinquante dernières années. A la fin du mois d'août, la sécheresse frappait durement ou très durement 36% du territoire des Etats-Unis. En juin et juillet, l'Europe méridionale a connu une chaleur torride et maintes régions ont enregistré des " records du siècle ". La chaleur a fait de nombreuses victimes, les températures ayant dépassé 43 °C en Turquie, en Grèce, en Roumanie et en Italie. En Bulgarie, le 5 juillet, les températures maximales relevées par plus de 75% des stations d'observation ont atteint des sommets inégalés depuis 100 ans. Conjuguée à la sécheresse, cette vague de chaleur a déclenché quelque 1400 feux de brousse qui ont ravagé plus de 58 000 hectares et détruit 73 habitations. Des centaines d'incendies se sont également déclenchés en Grèce au plus fort de la vague de chaleur. L'île de Samos, dont le cinquième de la superficie a été consumé par le feu, a particulièrement souffert. Les pays de la corne de l'Afrique ont connu pour la troisième année consécutive des précipitations inférieures à la normale, ce qui a aggravé la sécheresse qui sévissait déjà dans la majeure partie de la région et entraîné de sévères pénuries alimentaires. Des dizaines de millions de personnes ont été touchées, notamment en Ethiopie, au Kenya, en Somalie, en Erythrée et à Djibouti. Vagues de froid et anomalies de température et de précipitations En janvier et février, un froid intense a régné dans de vastes régions de Chine et de Mongolie où les pertes économiques, subies par plus d'un million de personnes ont été évaluées à plus de 30 millions de dollars E.-U. L'Inde n'a pas été épargnée : en effet, dans certaines régions, plus de 300 personnes sont mortes de froid durant cette période. En mai, une grande partie de la Russie occidentale, en particulier le bassin de la Volga, a été touchée par une vague de froid caractérisée par des températures inférieures de 4 à 5 °C à la normale. En Amérique du Sud, presque toutes les stations d'observation du Paraguay ont relevé en juin et juillet des minima absolus. En Angleterre, 2000 sera probablement au nombre des
vingt années les plus chaudes des 342 dernières années,
et en Norvège, ce devrait être la troisième année
la plus chaude depuis le début des relevés, en 1866.
Aux Etats-Unis d'Amérique, 2000 devrait se situer entre la
7ème et 12ème place parmi les années les plus
chaudes depuis 1895, tandis qu'au Canada, les données Le mois d'avril n'avait jamais été aussi pluvieux depuis 235 ans en Angleterre et au Pays de Galles, qui ont également connu la journée d'octobre et la journée de novembre les plus arrosées des 70 dernières années. De septembre à novembre 2000, des précipitations soutenues supérieures à la moyenne ont provoqué de graves inondations dans de nombreuses régions. C'est l'automne le plus pluvieux que l'Angleterre et le Pays de Galles aient connu et jamais, depuis le début des relevés, il y a 235 ans, une telle quantité d'eau ne s'était déversée sur cette partie de la Grande-Bretagne en un seul trimestre. Dans le centre du Chili, certaines régions ont connu le mois de juin le plus pluvieux des 80 dernières années tandis que le reste de la saison humide a été marqué par un important déficit pluviométrique. Le 20 juin 2000, la ville de Barrow, en Alaska, a connu le premier orage de son histoire, alors que ce phénomène est plutôt associé aux climats chauds ou tempérés. Au début du mois de novembre, 692 mm de pluie sont tombés sur Hilo (Hawaii) en 24 heures, pulvérisant le précédent record qui était de 566 mm. Durant l'été boréal, une tornade mortelle, la première depuis 14 ans, a frappé le Canada et, chose rare, un ouragan a atteint les côtes de Terre-Neuve. Sources d'information Les informations préliminaires dont on dispose pour 2000 reposent sur les observations effectuées jusqu'à fin novembre par un réseau de navires, bouées et stations météorologiques terrestres. Les données sont recueillies et diffusées en permanence par les Services météorologiques et hydrologiques nationaux des pays Membres de l'OMM. Il convient de noter que, conformément à la pratique établie, les analyses de la température à l'échelle du globe sont réalisées par l'OMM à partir d'un jeu de données du Centre Hadley du Service météorologique national du Royaume-Uni et de la Section de recherche sur le climat de l'Université d'East Anglia (Royaume-Uni). Dans ce jeu de données, les écarts par rapport à la normale sont calculés par rapport aux normales climatologiques de l'OMM les plus récentes, c'est-à-dire celles qui concernent la période 1961-1990. Autre source d'information autorisée : l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA), relevant du Ministère du Commerce des Etats-Unis d'Amérique, qui détient un jeu de données sur la température à la surface du globe dont les écarts par rapport à la normale sont calculés par rapport à la moyenne des relevés effectués depuis 1880. Les résultats fournis par ces deux jeux de données sont comparables, et il en ressort que 2000 devrait être la cinquième année la plus chaude en moyenne mondiale. On trouvera des informations plus détaillées dans la déclaration annuelle de l'OMM sur l'état du climat mondial, qui paraîtra fin mars 2001. (*Le présent communiqué est publié en collaboration avec le Royaume-Uni (Centre Hadley du Service météorologique national et Section de recherche sur le climat de l'Université d'East Anglia) et les Etats-Unis d'Amérique (Centre national de données climatologiques d'Asheville, Centre de prévision climatique de Washington, Goddard Institute for Space Studies et Marshal Space Centre de la NASA, Université d'Alabama (Huntsville) et Institut international de recherche de New York). Ont également collaboré l'Allemagne, l'Argentine, l'Australie, la Bulgarie, le Canada, le Chili, la Chine, l'Espagne, la Fédération de Russie, l'Inde, l'Islande, le Japon, Maurice, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Paraguay, le Pérou, les Philippines, le Qatar, la Suède et le Zimbabwe).
M. Taysir Al-Ghanem |
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